À partir de quand bébé entend-il ?

Le développement de l’audition avant la naissance

Dès le 5e mois de grossesse, les premières structures auditives du fœtus sont développées. Le système auditif est encore immature, mais il commence à se construire, en lien avec les développements du cerveau et du système nerveux. C’est entre la 25e et la 28e semaine que l’ouïe devient plus réceptive : à ce stade, votre bébé commence à percevoir les sons avec plus de précision. Il entend d’abord les bruits internes de votre corps, tels que les battements de cœur, les mouvements digestifs et votre respiration, qui lui offrent un fond sonore régulier et rassurant.

Progressivement, il capte aussi les sonorités extérieures atténuées par la paroi abdominale et le liquide amniotique. Les voix humaines, notamment la voix de sa mère, une musique douce, ou encore les bruits du quotidien deviennent familiers. Ces premières expériences sonores jouent un rôle fondamental dans son éveil sensoriel, mais aussi dans son développement neurologique, cognitif et affectif.

La voix maternelle est la première à être reconnue, grâce à sa récurrence et à sa transmission directe par les vibrations internes. Elle agit comme un véritable repère sonore et affectif, capable de calmer, rassurer et stimuler le fœtus. Ce lien auditif précoce se prolonge naturellement après la naissance, renforçant l’attachement entre le nourrisson et ses parents.

Quels sons entend-il in utero ?

Le fœtus perçoit une multitude de sons à travers les couches protectrices du corps de la mère. Cependant, ces sons ne lui parviennent pas comme nous les entendons : ils sont assourdis, filtrés par l’utérus, le liquide amniotique et les tissus abdominaux. 

Les sons graves, comme ceux de la voix humaine, sont plus facilement transmis que les sons aigus. Cela explique pourquoi la voix de la mère (et parfois, celle du père) peut lui être familière avant même la naissance. 

La voix de la mère parvient au bébé de deux façons : 

• par l’air, comme toutes les autres voix, 
• mais aussi par les vibrations de son corps. 

C’est ce double passage qui la rend particulièrement claire et familière pour le fœtus. 

La voix du père traverse moins directement le corps maternel que celle de la mère. Mais lorsqu’elle est entendue souvent et de près, elle peut tout de même devenir repérable par le fœtus. 

Dès le troisième trimestre, certains bébés peuvent même réagir par des mouvements, des accélérations de rythme cardiaque ou des frémissements aux sons qu’ils reconnaissent.

En plus des voix, le fœtus peut entendre des sons de l’environnement : une musique douce, une chanson fredonnée, ou encore le bruit d’un aspirateur ou d’une voiture. Il peut également percevoir les rythmes et les intonations de la langue parlée autour de lui. 

Des études ont montré que les bébés nés peuvent reconnaître une musique écoutée fréquemment pendant la grossesse, ainsi que les sonorités de leur langue maternelle. Ces stimulations auditives contribuent à la construction de sa mémoire sensorielle, à sa familiarisation avec les voix proches et à l’apprentissage précoce du langage. 

Un univers sonore riche, doux et régulier favorise ainsi une entrée en douceur dans le monde extérieur, et peut même avoir un effet apaisant lors des premiers jours de vie.

Pourquoi faut-il parler à son bébé pendant la grossesse ?

Parler à son bébé pendant la grossesse, c’est bien plus qu’un geste attendrissant : c’est un véritable stimulant pour le développement de son ouïe et de son cerveau. 

La voix des parents, et tout particulièrement celle de la mère, est perçue de manière répétée et devient une source de repère pour le bébé. Lorsque le bébé entend des paroles, des chants ou des histoires, il apprend à reconnaître les intonations, à s’habituer à la musicalité de la langue. Cela lui permet de construire un univers rassurant.

Ces interactions précoces favorisent l’éveil auditif, mais aussi la construction du langage après la naissance. Des études ont montré que les bébés auxquels exposé régulièrement à la parole in utero sont souvent plus réactifs aux voix familières et montrent un intérêt plus marqué pour les sons. 

Parler à son enfant pendant la grossesse renforce également le lien affectif, crée une routine de communication et prépare l’enfant à une vie relationnelle riche dès ses premiers jours. C’est aussi un moment privilégié pour les futurs parents, qui peuvent commencer à tisser une relation unique et intime avec leur bébé bien avant sa naissance.

Une oreille ouverte aux langues étrangères

Les nourrissons disposent d’une incroyable plasticité neuronale, qui leur permet d’apprendre et de distinguer une grande variété de sons, y compris ceux des langues étrangères. Les neurosciences ont montré que, durant les premiers mois de vie, les connexions cérébrales liées à l’audition sont particulièrement malléables : le cerveau du nourrisson est capable de reconnaître, de classifier et de mémoriser des phonèmes provenant de nombreuses langues, même si celles-ci ne sont pas parlées quotidiennement à la maison. Cette période dite de « fenêtre phonétique », qui s’étend surtout jusqu’à l’âge de 9 à 12 mois, favorise une sensibilité accrue aux contrastes sonores. Avec le temps, cette aptitude naturelle tend à diminuer, car le cerveau se spécialise progressivement dans la ou les langues qu’il entend le plus souvent, ce qui explique pourquoi l’apprentissage d’une langue est généralement plus facile dans la petite enfance.

Exposer un bébé à plusieurs langues, par des chansons, des comptines, ou simplement en lui parlant régulièrement, aide à stimuler son oreille musicale et linguistique et entretenir cette plasticité neuronale. Il développe ainsi une meilleure capacité à distinguer les nuances sonores, à discriminer les phonèmes et à renforcer les zones cérébrales associées au langage et à la mémoire. Ces stimulations précoces sont souvent associées, dans les études, à des effets bénéfiques sur le développement cognitif et linguistique. Elles semblent préparer l’enfant à une meilleure aisance dans l’apprentissage futur des langues. Cette richesse auditive nourrit non seulement ses compétences linguistiques, mais ouvre aussi la voie à une plus grande ouverture culturelle, une meilleure flexibilité cognitive et une adaptation sociale renforcée dans un environnement multilingue.

Les causes possibles de troubles auditifs chez le bébé

Malgré le caractère naturel du développement auditif, certains bébés peuvent présenter des troubles de l’audition dès la naissance ou dans les premiers mois de vie. 

Ces difficultés peuvent avoir plusieurs origines :

• Causes congénitales : une malformation de l’oreille interne, moyenne ou externe peut empêcher le bon passage du son jusqu’au cerveau. Certaines surdités sont aussi d’origine génétique.
• Grossesse et naissance compliquées : une prématurité, une souffrance fœtale ou certaines infections contractées pendant la grossesse (comme la rubéole, la toxoplasmose ou le CMV) peuvent altérer le développement auditif.
• Infections néonatales ou infantiles : les otites répétées, la méningite ou d’autres infections peuvent provoquer des pertes auditives temporaires ou définitives. Vous pouvez consulter notre article sur la prévention des maladies courantes chez les nourrissons.
• Exposition à des bruits intenses : même très tôt, un environnement sonore trop fort ou prolongé peut fragiliser l’oreille interne.
• Troubles du neurodéveloppement, comme les troubles du spectre autistique (TSA) : Ils n’entraînent pas de surdité au sens médical, car l’oreille fonctionne normalement. En revanche, certains enfants avec TSA présentent des particularités dans la manière dont le cerveau traite les sons. Cela peut se traduire par une hypersensibilité (les bruits leur paraissent plus forts ou envahissants) ou, au contraire, une réactivité moindre aux stimulations auditives. Ces différences de perception nécessitent une attention particulière dans le suivi éducatif et thérapeutique.

Identifier tôt ces troubles est essentiel : un dépistage auditif néonatal est systématiquement réalisé à la maternité afin de repérer rapidement les bébés nécessitant un suivi. Une prise en charge précoce améliore considérablement le développement du langage et la qualité de vie de l’enfant.

À retenir :

L’audition est l’un des premiers sens à se développer chez le bébé et participe à son éveil affectif, cognitif et social.

Dès la vie intra-utérine, le fœtus baigne dans un univers sonore qui prépare ses futures capacités de communication.

Après la naissance, chaque mot, mélodie et interaction enrichit son apprentissage et renforce le lien avec ses parents.

Parler, chanter et créer un environnement sonore adapté stimule son ouïe et facilite son ouverture au monde.

Être attentif à sa santé auditive et à ses réactions face aux sons favorise un développement harmonieux du langage et une croissance sereine.

L’audition accompagne le bébé bien avant sa naissance et joue un rôle fondateur dans ses premiers liens avec le monde. Des battements de cœur entendus in utero aux premières paroles après l’accouchement, chaque expérience sonore participe à son éveil, à son développement et à sa sécurité affective. Préserver et stimuler cette richesse auditive, tout en restant attentif à d’éventuels troubles, c’est lui offrir un atout précieux pour son langage, sa cognition et son épanouissement futur. 

Ressources : 
https://shs.cairn.info/revue-spirale-2011-3-page-17?lang=fr 
https://www.inspq.qc.ca/mieux-vivre/grossesse/foetus/developpement-du-foetus 
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31554450/ 
https://home.fau.edu/lewkowic/web/Werker%20%26%20Tees%20Speech%20Transitions%202005.pdf