Endométriose et grossesse : tomber enceinte, c’est possible

Femme enceinte

Encore trop méconnue, l’endométriose soulève de nombreuses inquiétudes et interrogations chez les femmes qui souhaitent devenir mères. Si cette maladie peut altérer la fertilité, elle ne rend pas la grossesse impossible. 

Grâce à une meilleure connaissance de son corps, un accompagnement adapté et parfois un soutien médical selon le degré de sévérité de la maladie, il est tout à fait possible de concevoir. Symptômes, parcours de soins, expériences de femmes, on vous aide à mieux comprendre ce qu’implique une grossesse avec de l’endométriose.

Fertilité et endométriose : comprendre les enjeux

L’endométriose concerne environ une femme sur dix en âge de procréer. C’est une maladie chronique, encore mal connue, qui se caractérise par la présence de tissu semblable à la muqueuse utérine (l’endomètre) en dehors de l’utérus : sur les ovaires, les trompes, le péritoine, voire parfois sur d’autres organes. Sous l’effet des hormones, ces tissus réagissent comme l’endomètre : ils s’épaississent, saignent, mais ne peuvent pas s’évacuer, provoquant douleur, inflammation, voire des adhérences. 

Dans certains cas, cette maladie peut entraîner une infertilité. Environ 30 à 40 % des femmes atteintes rencontrent des difficultés à concevoir. Leur taux de fécondité est estimé entre 2 et 10 % par cycle, contre 25 à 30 % pour les couples non concernés par l’endométriose. Malgré cela, une grossesse spontanée, sans aide médicale, survient dans plus d’un tiers des cas en trois ans. Pour d’autres, le parcours demande plus de temps, d’examens, et parfois un accompagnement spécifique.

Ce qui peut compliquer la conception, c’est parfois la localisation et l’étendue des lésions : ovaires, trompes, péritoine. Elles peuvent gêner l’ovulation, la rencontre des gamètes (spermatozoïdes et ovule) ou l’implantation de l’embryon. À cela s’ajoutent quelques fois une réserve ovarienne diminuée, des douleurs pendant les rapports ou une inflammation chronique dans le bassin.

30 à 40%

des femmes atteintes par l’endométriose rencontrent des difficultés à concevoir.

Consulter avant de concevoir : une étape essentielle

Quand on a une endométriose et un désir de grossesse, il peut être intéressant de prendre le temps d’une consultation préconceptionnelle. Ce rendez-vous chez un gynécologue permet d’évaluer la situation de manière précise. On y parle de son parcours, des douleurs éventuelles, des traitements déjà suivis. On peut aussi envisager quelques examens si nécessaire : une échographie pelvienne, un dosage de l’AMH pour estimer la réserve ovarienne, ou d’autres bilans si besoin.

Cela ne signifie pas qu’il y aura forcément un obstacle, mais c’est un moyen d’avoir une vision claire (et d’envisager les prochaines étapes sereinement). Parfois, une autoconservation des ovocytes est proposée, surtout si la grossesse est envisagée plus tard, ou si une chirurgie sur les ovaires a déjà eu lieu. Ce n’est pas une solution à tout, mais cela peut faire partie des options à discuter.

Ce temps médical est aussi un temps d’écoute : il permet de poser des questions, d’exprimer ses doutes et de construire, avec les soignants, un accompagnement sur mesure.

Un homme et une femme en consultation médicale
Deux femmes en consultation médicale

Aide médicale à la procréation : quelles options avec l’endométriose ?

Lorsque l’endométriose complique la conception, une assistance médicale à la procréation (AMP), aussi appelée procréation médicalement assistée (PMA), peut être proposée. Les techniques varient selon le profil de chaque patiente, le stade de la maladie, et les autres paramètres du bilan de fertilité.

Voici les principales options de PMA envisagées :

  • L’insémination intra-utérine (IIU) : indiquée dans les formes d’endométriose légère à modérée, si les trompes sont libres et le sperme satisfaisant. Le sperme est préparé en laboratoire puis injecté dans l’utérus au moment de l’ovulation.
  • La fécondation in vitro (FIV) : utile si l’endométriose est plus sévère, ou en cas d’échec des inséminations. Elle consiste à stimuler les ovaires, prélever les ovocytes, les féconder en laboratoire, puis transférer l’embryon dans l’utérus.
  • La FIV avec ICSI (injection intracytoplasmique de spermatozoïde) : utilisée lorsque la fécondation spontanée est difficile. Un seul spermatozoïde est injecté dans chaque ovocyte.
  • Le protocole “long” ou “ultra long” : parfois recommandé dans les formes sévères d’endométriose. Il repose sur une mise au repos ovarien temporaire avant stimulation, afin d’augmenter les chances de succès.

Ces parcours demandent de l’organisation, du temps et beaucoup d’énergie, mais ils peuvent aussi redonner des perspectives là où le doute s’était installé.

La grossesse avec de l’endométriose : entre soulagement et vigilance

Pour beaucoup de patientes, la grossesse agit comme une pause dans les symptômes liés à l’endométriose. La douleur régresse, parfois jusqu’à disparaître, sous l’effet des modifications hormonales. Pour certaines, c’est même une période de vrai répit, où le corps semble enfin relâcher la pression.

Cela dit, tout n’est pas toujours linéaire. Au début de la grossesse, quelques douleurs peuvent persister, ou apparaître différemment. Cela peut venir de l’utérus qui prend du volume, ou d’adhérences anciennes qui réagissent à cette nouvelle dynamique corporelle. Ce n’est pas systématique, ni forcément inquiétant, mais cela mérite d’être signalé, et entendu.

Dans la majorité des cas, la grossesse se déroule normalement. Il n’y a pas de protocole particulier lié à l’endométriose, mais il peut être utile d’en parler à l’équipe qui suit la grossesse, surtout en cas d’antécédents chirurgicaux.

Quels risques pendant la grossesse et l’accouchement ?

Dans la grande majorité des cas, une grossesse avec endométriose se passe bien. Mais il existe certains risques :

  • un risque plus présent de placenta prævia, notamment en cas d’adénomyose (lorsque les lésions touchent la paroi de l’utérus) ;
  • un risque légèrement accru de fausse couche au 1er trimestre ;
  • parfois, une tendance à l’accouchement prématuré, surtout chez les femmes ayant subi des chirurgies pelviennes ;
  • et dans de rares cas, des douleurs ou des hémorragies liées à des adhérences anciennes.

Il faut garder en tête que ces complications restent peu fréquentes. Elles ne justifient pas, à elles seules, un suivi particulier. Mais signaler son endométriose permet d’adapter le suivi de grossesse si nécessaire. Ce qui compte, c’est d’avoir une équipe médicale à l’écoute, qui connaît le dossier, et avec laquelle on peut parler librement de ses ressentis.

Et après ? Post-partum et récidive de l’endométriose

Après l’accouchement, les symptômes de l’endométriose peuvent revenir avec le retour des règles (mais ce n’est pas toujours le cas). Certaines femmes continuent de se sentir bien, d’autres voient les douleurs réapparaître progressivement. C’est très variable. L’allaitement prolongé ou une contraception hormonale peuvent repousser cette reprise.

L’essentiel, c’est de rester attentive à ce que l’on ressent, et de ne pas hésiter à en parler pendant le suivi de votre post-partum. Un bon accompagnement permet d’ajuster le traitement si besoin, et de traverser cette période en étant bien entourée.

En conclusion : bien vivre sa grossesse avec de l’endométriose

On peut avoir une endométriose et vivre une grossesse. On peut même en vivre plusieurs. Le chemin est parfois plus long, parfois accompagné de doutes, mais il est possible. Ce que j’observe, c’est que lorsqu’on est bien informée, bien suivie, et qu’on se sent entendue, les choses deviennent plus simples à traverser. 

Chaque femme a son parcours. Il n’y a pas de voie unique ni de réponse toute faite. Mais ce que je constate, c’est qu’avec un accompagnement adapté, la maternité devient une perspective accessible pour de nombreuses femmes concernées par l’endométriose.

anna roy

Un contenu proposé par Anna Roy

Sage-femme et figure médiatique engagée, Anna Roy met son expertise et son expérience au service d’un accompagnement bienveillant des femmes, de la maternité à toutes les étapes de leur vie.