Communiqué de presse

En quoi les neurosciences jouent-elles un rôle déterminant dans le développement des 0-3 ans ?

Retour sur un congrès international préparatoire à la conférence mondiale de l’éducation et la petite enfance

Co-organisé par l’UNESCO, la fondation Babilou Family et l’association Ensemble pour l’Education de la Petite Enfance à Marseille le 29 septembre 2022, le premier Congrès sur l’influence des neurosciences dans le développement et l’éducation des jeunes enfants a réuni professionnels et experts de l’éducation et de la petite enfance, chercheurs, neuroscientifiques, parties prenantes publiques et privées ainsi que des représentants de think tanks.

Une première ayant remporté un vif succès en réunissant près de 600 personnes à Marseille, dans un lieu dédié à l’innovation éducative et l’inclusion – L’Epopée - et en ligne autour d’une ambition : réfléchir à de nouvelles méthodes éducatives au sein des structures d’accueil des enfants en s’appuyant sur les progrès réalisés par la science ces dernières années. 

En amont de la conférence mondiale sur la protection et l’éducation de la petite enfance, organisée par l’UNESCO à Tachkent (Ouzbékistan) du 14 au 16 novembre 2022, le Congrès s’est concentré sur des notions clés comme le langage, le multilinguisme, ou encore l’exposition des jeunes enfants aux écrans, et a suscité des débats passionnants : 

  • L’apport des neurosciences dans l’adaptation et la modification des pratiques d’accueil et éducatives en crèche. 
  • La manière dont les neurosciences peuvent contribuer à la réduction des inégalités sociales.
  • Les questions de sensibilisation et de formation des professionnels de la petite enfance à ses travaux et avancées. 

Retour sur les principaux enseignements de cet événement

La petite enfance (0-3 ans) est une étape cruciale dans la vie d’un individu. Acquisition des compétences sociales, du langage, de la motricité ; développement affectif, émotionnel et cognitif: dans cette période, le cerveau est en chantier et l’adulte en devenir se construit.

Grâce au Congrès, l’apport des neurosciences, encore peu connu du grand public, a pu être démontré. Les échanges entre experts d’horizons divers ont fait émerger des solutions utiles aux parents et éducateurs sur de nombreux enjeux : modérer l’usage des écrans, davantage outiller, valoriser les professionnels de la petite enfance et accompagner les familles. Les co organisateurs de cet évènement se félicitent de ce véritable pas en avant, qui s’inscrit au cœur de leurs valeurs partagées : promouvoir à l’international les droits à l’éducation des jeunes enfants.

Madame Stefania Giannini a rappelé l’origine de ce Congrès qui a pris son ancrage dans le cadre de la préparation de la Conférence mondiale sur l’éducation et la protection de la petite enfance qui se déroulera du 14 au 16 novembre 2022 à Tachkent, République d’Ouzbékistan. Cette conférence mondiale intergouvernementale, visant à regrouper plus de 1000 participants, aura pour objectif primordial de renouveler et d’étendre l’engagement politique des États membres pour développer des politiques d’EPPE ambitieuses, pertinentes et culturellement appropriées.

L’importance de l’environnement sur le développement du cerveau

Le Docteur Catherine Verney, spécialiste de l’anatomie et de la chimie du cerveau, a évoqué l’influence du stress toxique intense et précoce : « le bébé réagit en miroir à nos comportements et il est éminemment social ». 

Isabelle Filliozat, psychothérapeute spécialiste des émotions, a mis l’accent sur l’influence des traumatismes sur le développement des hormones et de certaines zones du cerveau, un sujet encore trop méconnu des parents et professionnels. Elle a ainsi mis en lumière l’importance cruciale de soutenir et de former les professionnels pour apporter une réponse adaptée à ces enjeux. 

Charlotte Decroix, doctorante à l’université de Bordeaux, a souligné quant à elle l’importance d’accompagner les professionnels dans leurs pratiques quotidiennes pour soutenir les compétences psychosociales des jeunes enfants, socle du développement global. Elle a illustré son propos avec la première recherche-action en santé sociale pour les professionnels de la petite enfance “Accompagne-moi…!”. 

Enfin, Claire Malenfant-Illiaquer, directrice de l’Éducation durable chez Babilou Family, a rappelé la nécessité de créer un environnement serein, garant d’une sécurité affective et ludique pour le bon développement des enfants.

Réduire les inégalités éducatives entre les enfants

Nathalie Casso-Vicarini, membre de la Commission des 1000 jours et déléguée générale de l’association « Ensemble pour l’Éducation de la Petite Enfance », a fait le parallèle entre l’esprit de village et sa vision de la petite enfance, où chacun doit entretenir des relations étroites de coopération pour soutenir le développement des jeunes enfants, mais aussi accompagner au mieux les parents. 

Emmanuelle Deletoille, élue à la Petite Enfance et à la Famille à Arras (Pas de Calais), a présenté le dispositif Maison des 1000 premiers jours, qui permet aux mêmes parents d’un groupe de se rencontrer, de libérer leur stress, d’échanger avec un facilitateur formé et de déculpabiliser au quotidien. 

Pour Xavier Madelaine, co-président du groupe Petite Enfance à l’Association des Maires de France (AMF), les collectivités territoriales sont un maillon indispensable à l’éducation et la protection de la petite enfance.  Il réalise notamment un travail pour réduire les inégalités territoriales et promouvoir un développement cohérent autour de 3 champs : l’environnement social et sanitaire, le champ scolaire et pédagogique et enfin l’innovation. 

Florent de Bodman, directeur et cofondateur de 1001 Mots, a partagé la genèse de son association et l’enjeu de faciliter l’accès des personnes allophones aux crèches et une des solutions pour prévenir les difficultés scolaires, d’éveiller les enfants avant de rentrer à l’école. 

Daphnée Deureux-Suin, directrice de crèche, a expliqué l’importance croissante de l’outil digital pour réduire les inégalités, en rappelant la nécessité de continuer à créer du lien et de réadapter ses habitudes ainsi que celles des enfants. 

Enfin, Tove Mogstad Slide, conseillère principale au ministère Norvégien de l’Éducation et de la Recherche au Département de la petite enfance, a également présenté des expériences de la Norvège notamment sur leur système éducatif en termes de Congé parental payé, place pour les enfants réglementés et financés par l’État, approche basée sur le jeu et centrée sur l’enfant, bon leadership, approche écologique et qualité d’accueil et de gestion du personnel. Elle a notamment souligné que des professionnels solidement formés sont clé pour la qualité, en plus de l’importance de mettre le professionnel au cœur du pouvoir de décision.

Contrôler l’exposition aux écrans

Dr. Sylvie Dieu-Osika, pédiatre et membre fondatrice du collectif Surexposition écrans de l’hôpital Jean Verdier, a alerté sur les conséquences en termes de sommeil, d’éducation ou d’attention que cause l’exposition abusive aux écrans dès le plus jeune âge. L’écran n’est pas le problème, c’est l’addiction qui en découle, et la solution proposée par le Dr. Sylvie Dieu-Osika est de sensibiliser les parents. 

Vincent Berge, CEO de Crocos GoDigital, a mis en avant la spirale infernale entre troubles de l’attention et exposition aux écrans, responsable de 10% des décrochages scolaires. La solution serait de s’appuyer sur la recherche (accompagner le digital, avec des objets 3D autour du digital) tout en limitant son utilisation afin de ne pas aller dans les excès. Le 

Dr. Anne-Lise Ducanda, médecin de PMI fondatrice du collectif Surexposition aux Écrans (CoSE), a rappelé la toxicité des écrans qui émettent des signaux lumineux et sonores incompréhensibles pour les enfants et toxiques dans leur développement. 

Quant à Isabel Segovia Ospina, ex-vice-ministre de l’Éducation de la Colombie et fondatrice d’Origami Preschools, elle a insisté sur l’importance d’aider les parents à tirer le meilleur parti de la technologie sans nuire aux enfants. Jean Rakovitch, enfin, directeur pédagogique de l’École du Domaine du Possible, a prôné la réinstauration d’une relation physique au savoir, pour combler les manques que cause l’appréhension biaisée de la connaissance par les écrans.

Neurosciences et petite enfance : quelles perspectives ? 

Plusieurs des intervenants des précédentes tables rondes ont pu débattre en compagnie de 

  • Yao Ydo, directeur du Bureau International d’Éducation de l’UNESCO, 
  • James Cairns, directeur des engagements stratégiques et de l’apprentissage de l’enfant à Harvard, 
  • Gérard Gazay, maire d’Aubagne et membre de l’AMF, 
  • Juliette Masson, adjointe au Maire des 6e et 8e arrondissements de Marseille déléguée aux affaires scolaires et aux écoles et également directrice de crèche, 
  • Laurent Choukroun, Directeur Général de Synergie Family, Isabelle Filliozat, psychothérapeute spécialiste des émotions, 
  • Tove Mogstad Slide, conseillère principale au ministère Norvégien de l’Éducation et de la Recherche au Département de la petite enfance, 
  • Xavier Madelaine, co-président du groupe Petite Enfance à l’Association des Maires de France (AMF), 
  • Thierry Pech, directeur du think tank Terra Nova. 

Ce dernier a encouragé à créer des écosystèmes maîtrisés et à mieux valoriser les professionnels pour aider les enfants à échapper à la prédestination sociale. 

Enfin, Xavier Ouvrard, CEO de Babilou Family et secrétaire général de la fondation éponyme, a mis l’accent sur l’importance de donner plus de moyens aux PMI et aux régulateurs pour contrôler la qualité des établissements d’accueil du jeune enfant (EAJE). L’importance de la synergie entre entreprises et pouvoirs publics est aussi nécessaire pour créer de nouvelles crèches.

 

LE SAVIEZ VOUS ?

  • La moyenne de temps d’écran pour les enfants de moins de 2 ans est de 2h par jour
  • 10% des décrochages scolaires sont liés aux écrans
  • 5% des enfants ouvriers ont accès à des places en crèche alors que 20% des enfants de classe plus aisés ont accès aux crèches 
  • 79% des professionnels de la petite enfance déclarent souhaiter être formés en continu sur le développement des enfants
  • A la fin de l’école primaire en France, environ 20% des enfants ne maîtrisent pas la lecture

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