À la maison, les écrans sont partout : télévision allumée en fond, utilisation du smartphone entre deux tâches, tablette utilisée par un grand frère ou une grande sœur… Sans y prêter attention, ils prennent une place considérable dans notre quotidien. Et même si un enfant n’est pas directement devant un écran, l’utilisation d’écrans dans son environnement peut avoir un impact : c’est ce qu’on appelle la techno-férence. Troubles du sommeil, retards de langage, baisse des interactions : les effets des écrans sur les jeunes enfants sont réels, même s’ils ne les regardent pas directement. Suivez-nous, on vous explique tout sur ce phénomène !
Comprendre la techno-férence au quotidien
Petit point définition : la techno-férence est définie par Mac Daniel en 2018 comme « les interruptions quotidiennes des interactions interpersonnelles ou du temps passé ensemble qui se produisent à cause des appareils de technologie numérique et mobile ».
En clair, c’est le fait d’interrompre une interaction avec quelqu’un à cause d’un écran.
Les écrans sont devenus des compagnons invisibles de notre quotidien. En quelques années, ils ont transformé nos modes de vie, nos façons de communiquer et même nos routines familiales. Télévision en bruit de fond, notifications de smartphone pendant les repas, tablette utilisée pour apaiser ou distraire un jeune enfant : ces usages se sont installés sans bruit, mais pas sans conséquences. Pour les tout-petits, l'exposition aux écrans, même indirecte, influence leur développement. Car même si l’enfant ne regarde pas directement l’écran, il en subit tout de même les effets : moins de moments de jeu, moins de temps d’échanges ou encore, moins de regards partagés avec l’adulte. Et ces instants sont essentiels dans le développement du jeune enfant.
Pour autant, nous sommes tous pareils, les écrans font partie de nos vies. Il est simplement important de prendre conscience des effets de la techno-férence et d’essayer de limiter l’utilisation des écrans en la présence de jeunes enfants pour leur bien-être.
Le saviez-vous ?
En France, la télévision reste allumée en moyenne 4h30 par jour dans les foyers avec enfants, selon le CSA (Conseil Supérieur Audiovisuel). Même si personne ne la regarde activement, sa simple présence perturbe la concentration de l’enfant et celle des parents, le développement de son langage et sa capacité à entrer dans un jeu autonome.
Les effets de la techno-férence sur le développement des jeunes enfants
Les neurosciences confirment à quel point les premières années de la vie sont déterminantes pour le développement du cerveau de l’enfant. Ce dernier se construit littéralement à travers les interactions humaines riches et répétées. Chaque échange : un sourire, un mot doux, une attention bienveillante stimule la création de connexions neuronales. À l’inverse, l’absence de réponses émotionnelles ou d’engagement réel de la part de l’adulte, souvent causée par une attention détournée vers un écran, peut freiner ces mécanismes essentiels. Selon les experts, le cerveau d’un jeune enfant est particulièrement sensible à la qualité de l’environnement relationnel dans lequel il évolue : il a besoin d’un cadre stable, prévisible et interactif pour développer ses compétences cognitives, sociales et émotionnelles.
Avant 3 ans, le cerveau de l’enfant est en plein développement. À cet âge, chaque interaction compte pour construire son langage, sa capacité à se concentrer, à mémoriser ou à entrer en relation avec les autres.
La techno-férence vient rompre cette dynamique : un parent absorbé par un écran est physiquement présent, mais émotionnellement et cognitivement moins disponible. Une interférence excessive des écrans peut freiner ces apprentissages fondamentaux.


Le saviez-vous ?
Les adultes consultent en moyenne leur téléphone 1 500 fois par semaine, soit plus de 200 fois par jour, selon une étude menée par Deloitte. Chaque interaction interrompue ou repoussée à cause d’un écran peut diminuer la qualité du lien parent-enfant, même si elle semble anodine sur le moment.
Comment réduire la techno-férence au quotidien
Réduire l’impact des écrans ne signifie pas tout interdire : il s’agit surtout d’apprendre à poser un cadre clair et progressif, adapté aux habitudes de votre famille. Voici quelques idées simples pour instaurer une routine plus apaisée, loin des écrans, au sein du foyer :
- Définir ensemble des “moments sans écrans” pour vous : au réveil, pendant les repas, au moment du coucher ou lors des trajets en famille.
- Créer des “zones sans écrans” à la maison : par exemple, ne pas utiliser son téléphone dans la chambre des enfants ou à table.
- Remplacer l’écran par une activité calme et partagée : lire une histoire, dessiner, faire un puzzle ou cuisiner à quatre mains.
- Modéliser le comportement attendu : en tant que parent, ranger son téléphone lors des moments de jeu ou d’échange, pour montrer que la relation prime et montrer le bon exemple par la même occasion.
- Créer un “bocal à idées” d’activités déconnectées : l’enfant peut piocher dedans quand il s’ennuie.
La semaine sans écrans : une opportunité de se reconnecter
La Semaine sans écrans, qui a eu lieu du 13 au 22 mai dernier, permet d’expérimenter une autre manière d’être ensemble en famille. Ce temps fort national invite petits et grands à faire une pause numérique pour se retrouver autrement. Loin d’être une contrainte, c’est une occasion de redécouvrir le plaisir des jeux partagés, des histoires lues à voix haute, des balades improvisées ou simplement de moments de présence véritable. Même quelques heures sans écran peuvent suffire à recréer du lien, de la complicité et de l’attention mutuelle. C’est aussi un message fort envoyé à l’enfant : “tu es plus important que mon écran”. Mais en réalité, vous n’êtes pas obligé d’attendre la semaine sans écran pour poser vos écrans. Vous pouvez instaurer ce temps fort, dans votre famille, au moment où vous le souhaitez.
Le saviez-vous ?
Lors des précédentes éditions, 85 % des familles ayant participé à la Semaine sans écrans ont déclaré avoir instauré de nouveaux rituels positifs au sein de leur foyer, selon une enquête de l’AFPE.
La techno-férence nous concerne tous, car elle s’immisce dans les moments du quotidien sans prévenir. Mais chaque effort pour poser les écrans est un pas vers plus d’interactions. Face à la place grandissante des écrans dans nos vies, il ne s’agit pas de culpabiliser, mais de reprendre conscience de l’essentiel : la qualité du lien que nous tissons chaque jour avec nos enfants. Même de courtes déconnexions peuvent transformer le quotidien, en rendant plus disponibles nos regards, nos mots, notre présence.
Et si on essayait, un jour après l’autre, de poser un peu plus souvent les écrans… pour mieux se retrouver ?