« Apprendre à être propre » selon Montessori

Acquisition de la propreté un processus et non un apprentissage

« Apprendre à être propre », c’est devenir acteur de son propre développement. Cela implique une prise de conscience progressive de son corps et de ses fonctions, en investissant une nouvelle partie de celui-ci. Cet apprentissage repose sur l’autonomie et la confiance en soi, des principes fondamentaux de la pédagogie Montessori.


Contrôler ses sphincters uréto-anaux, c’est pour l’enfant renoncer à sa couche douce et chaude, ainsi qu’à la relation étroite et intime avec l’adulte lors du temps de change de la couche.

Le rôle de l’adulte dans l’acquisition de la propreté

Dans le cadre de l’acquisition de la propreté Montessori, l’adulte joue un rôle essentiel d’accompagnateur bienveillant. Respecter le rythme de l’enfant est primordial pour lui permettre d’intégrer cette étape importante de manière sécurisée et sans pression inutile. L’environnement doit être adapté pour faciliter l’autonomie : des pots accessibles, un vêtement simple à enlever et un espace dédié comme la salle de bains où il se sent en confiance. Respect et rythme de l’enfant sont les mots clés de l'adulte.

À quel âge est-on « propre » ?

Il est vrai que pour se donner un repère, l’adulte parle en termes d’âge, qui varie selon les enfants, mais cette acquisition n’est pas liée à l’âge, mais à la maturation psychomotrice. Il faut observer les signes montrant que l’enfant est prêt.

L’enfant doit savoir se tenir debout, être stable sur ses jambes et savoir marcher afin qu’il puisse avoir l’autonomie nécessaire pour se déplacer vers l’endroit intime : le pot ou les toilettes.

La première phase se situe donc entre 14 et 18 mois. C’est l’étape où l’enfant a une conscience physique, c’est-à-dire qu’il a connaissance de ce qu’il a fait (uriner ou déféquer) et s’il a fait ou non. 
 
« De même les besoins d’autonomie apparaissent avec l’établissement de la fonction sphinctérienne, dernière phase du processus de maturation du système nerveux pyramidal. Cette maturation donne en effet la possibilité à l’enfant de devenir autonome sur le plan moteur et fait naître en lui le goût et le désir de « contrôler », de « faire », « d’expérimenter ».  *

Qu’est-ce que le « stade anal » ?

La deuxième phase se situe vers 2 ans. C’est le stade anal décrit chez Freud, qui succède le stade oral et qui se caractérise par la focalisation et la stimulation de la région rectale chez l’enfant. Il découvre peu à peu le plaisir de retenir ses excréments (stade anal de rétention) et le plaisir d’expulser ses matières fécales, appelé aussi boudin fécal, involontairement et ensuite volontairement (stade sadique anal), dans un premier temps diurne puis nocturne vers l’âge de 3 ans. 

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Quand proposer le pot ou les toilettes ?

Grâce à l’observation, on peut remarquer quelques indices permettant de savoir si l’enfant est prêt psychologiquement au contrôle des sphincters afin de mettre des mots sur l’objet et de lui proposer le pot ou les toilettes, par exemple : lorsque l’enfant est capable de descendre les escaliers seuls, ou lorsqu’il a réussi à dessiner des cercles fermés (représentations d’un soi-même, différenciation entre l’intérieur : garder, retenir, et l’extérieur : expulser, éliminer), lorsque l’enfant demande à changer sa couche lorsqu’il a fait, lorsque l’enfant est capable de rester plusieurs heures sans souiller sa couche, lorsqu’il est capable de dire s’il a faim ou soif, …

Favoriser une transition naturelle

L’enfant doit pouvoir explorer à son rythme, sans être freiné par des vêtements complexes ou des attentes rigides. Encouragez les petits progrès, respectant ainsi ses besoins et son désir d’autonomie. La verbalisation joue un rôle important pour rassurer l’enfant. Par exemple, nommez les actions : « Tu as envie d’aller sur le pot ? » ou « Bravo, tu as utilisé les toilettes ! »

Les étapes de l’acquisition de la propreté selon la méthode Montessori

  1. Observation des signes : L’adulte doit observer les indices indiquant que l’enfant est prêt. Par exemple, lorsqu’il montre qu’il souhaite changer sa couche après avoir fait pipi ou lorsqu’il reste au sec pendant de longues périodes.
  2. Aménagement de l’espace dédié : Créer un environnement sécurisant est fondamental. Placez un pot dans la salle de bains et prévoyez un réducteur pour les toilettes. Ces outils, à hauteur de l’enfant, vont faciliter son apprentissage de la propreté.
  3. Répétition et routines : Veillez à utiliser le pot dans les moments clés, comme après les repas ou avant le coucher. La routine aide à ancrer les habitudes.

Gérer les accidents avec bienveillance

Les petits accidents sont une étape normale. Plutôt que de sanctionner, adoptez une posture positive : rassurez l’enfant en lui expliquant que cela fait partie du processus. Cette approche respectant son développement psychologique contribue à renforcer sa confiance.

L’importance de l’éducation sensorielle

La pédagogie Montessori met l’accent sur les activités pratiques pour développer les compétences. Par exemple, les jeux d’imitation avec des poupées ou des livres expliquant la propreté sont très efficaces. Ils permettent à l’enfant d’intégrer de manière ludique les gestes essentiels comme l’essuyage ou le lavage des mains.

L’éducation, un accès vers plus d’indépendance pour l’enfant.

Les matières fécales sont, pour l’enfant, une partie qui se sépare de lui et disparaît. L’enfant peut donc être inquiet de devoir renoncer à une partie de lui-même. Cela peut même entraîner chez certains enfants des blocages et constipation à répétition, ou des peurs vis-à-vis de la chasse d’eau ou des toilettes ne comprenant pas pourquoi on jette son « cadeau » fait à ses parents, dont le corps doit se défaire. L’adulte devra alors pouvoir mettre des mots sur l’action pour le sécuriser.
 
De plus, l’évolution relationnelle et affective passe par cette période de l’affirmation de l’enfant en tant qu’individu à part entière ayant des choix personnels et de l’opposition avec ses parents. 
 
Les toilettes ou le pot est la première introduction du bien et du mal, et également une obligation socialisante des parents envers leurs enfants. Il prend connaissance que dans notre culture, il y a un lieu précis, un endroit défini et que celui-ci est intime et individuel, que l’on ne se promène pas nu. Son corps lui appartient à lui seul. Les toilettes ou le pot n’est pas un jouet, ni un objet que l’on peut amener dans toutes les pièces de la maison ou du lieu d’accueil. L’enfant fait des expériences qui lui permettront, petit à petit, de comprendre l’objet jusque-là inconnu, de la notion de contenant et de contenu.

L’acquisition de la propreté n’est pas qu’une étape physiologique. Elle marque aussi une évolution sociale et culturelle. L’enfant apprend que son corps lui appartient et qu’il existe des normes à respecter. Cela le prépare à d’autres transitions importantes dans son cheminement vers l’autonomie.

La méthode Montessori encourage les enfants à devenir grands tout en respectant leurs besoins individuels. Une éducation bienveillante, sans aucune pression et adaptée ouvre la voie à un développement harmonieux et serein.

*Chap 7. De 1 à 2 ans : les besoins d’autonomie, Myriam David dans L'enfant de 0 à 2 ans (2016), pages 75 à 93

Cet article vous est proposé par Aurore Moehring, Directrice de l’école maternelle Montessori bilingue Cube School Saint-Germain-en-Laye
Membre du reseau FrancEcole

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