Protection de l’enfance : Dites non aux Violences Educatives Ordinaires

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Souvent banalisées et parfois tolérées les violences éducatives ordinaires ont pourtant un réel impact sur le développement de l’enfant. Découvrez ce qu’on appelle VEO, ce que dit le cadre légal en France et comment trouver un juste milieu entre « laxisme » et « violence ».

VEO : qu’est-ce que c’est ?

Dr. Catherine Gueguen, Pediatre

Pourquoi appelle-t-on : Agression le fait de frapper un adulte, Cruauté le fait de frapper un animal mais Education le fait de frapper un enfant ?

Comment expliquer qu’il est admis de taper, gifler, pincer ou humilier un enfant – personne la plus vulnérable et dépendante – alors que cela est condamnable lorsqu’il s’agit d’un adulte, d’une femme ou même d’un animal ? Les enfants, seuls, n’ont pas les moyens de faire valoir leurs droits.

Protéger un enfant c’est lui proposer un environnement sécurisant, dénué de toute forme de violence, y compris de violences ordinaires sous prétexte de l’éduquer. Mais qu’appelle-t-on violence éducative ordinaire ?

La Violence Éducative Ordinaire (VEO) est la violence (physique, psychologique ou verbale) utilisée envers les enfants au prétexte de leur éducation (corrections, punitions), communément admise et tolérée (« ordinaire »). Plus simplement : claque, fessée, tape mais aussi menace, humiliation, chantage affectif…, définition de l’association STOPVEO.

Le cadre légal en France

En France, une loi relative à l’interdiction des violences éducatives ordinaires, dite « loi anti-fessée » a été adoptée le 10 juillet 2019, faisant de nous le 56ème pays à légiférer contre les VEO.

Elle précise, entre autres, que l’autorité parentale s’exerce sans violences physiques ou psychologiques. Et pourtant cette loi n’est pas assortie de sanctions pénales…

Cette loi est parfois contestée « Oh c’est bon, une fessée n’a jamais tué personne » … Pourtant, on sait aujourd’hui qu’un enfant meurt tous les 5 jours sous les coups de ses parents en France. Et ce chiffre serait sous-estimé, selon l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales) … En effet, il ne prendrait pas en compte les meurtres non révélés (ou non détectés) de bébés tués dès la naissance, ceux passant pour une mort naturelle ou mort subite du nourrisson, alors qu'il s'agit en réalité de traumatismes tels que le SBS (Syndrome du bébé secoué).

VEO : quels impacts sur l’enfant ?

Le 1er septembre 2019, un rapport gouvernemental dresse l’état des lieux de la violence éducative en France : un tabou pas toujours simple à mesurer !

Ce rapport dresse notamment une liste des effets néfastes du stress causé par la violence physique, verbale ou psychologique. Troubles du sommeil, angoisses, risques de désordres de l’attention / des émotions, faible maîtrise des impulsions, faibles capacités de motivation / de confiance / d’affirmation de soi, faiblesses dans les apprentissages… Une liste qui laisse à réfléchir !

Anti-VEO ne veut pas dire laxisme : comment trouver un juste milieu ?

Claire MALENFANT, Directrice de l'Education Durable Babilou

On est parents comme on peut et pas toujours comme on veut

Être parent n’est pas toujours chose aisée. Des mots ou gestes blessants, lancés lorsque nos émotions sont en émoi peuvent vite être regrettés. Mais comment faire pour éviter les VEO ? Comment accompagner l’éducation d’un enfant sans violence ? Sans être laxiste pour autant…

Pour grandir sereinement et développer toutes ses habiletés naturelles, l’enfant a besoin d’un cadre rassurant fait de règles et d’interdits. L’éducation sans violence ne veut donc certainement pas dire de tout laisser faire, ce qui reviendrait à un vide éducatif !

Un enfant qui ne connait pas de limites est un enfant qui ne connait pas la frustration, parce qu’on lui a tout cédé. Pourtant la vie est faite de désirs non-accessibles auxquels il devra faire face en grandissant. L’éducation non violente consiste à reconnaître l’envie de l’enfant (d’avoir un bonbon, de se coucher tard…) sans pour autant accéder à sa requête si elle est illégitime ! Il peut alors se mettre en colère, parfois de toutes ses forces. C’est normal, l’immaturité du cerveau de l’enfant ne lui permet pas encore de raisonner et maîtriser ses émotions. Le rôle de l’adulte est alors de faire preuve d’empathie : entendre la frustration et la colère de l’enfant, la reconnaître, mettre des mots dessus et l’accompagner dans la gestion de cette émotion pour revenir à l’apaisement.

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